Le plaisir de la découverte
Le Cap-Corse, cette étroite partie qui termine la Corse à la manière d’un os de jambon, n’est ni la plus riche des terres insulaires, (le relief y est aigu à l’ouest et les vallées fluviales à l’est sont nombreuses mais courtes) ni la plus dotée par le climat (les vents y sont plus que fréquents, souvent violents).
Ce fut pourtant un exemple rare de terroir humanisé, le haut lieu historique de la vigne et du vin et la région la plus riche de l’île. Les Phéniciens, 10
siècles avant notre ère, y abordèrent, mais dès le Xème siècle, grâce aux implantations monastiques, la vigne colonise la région et crée au fil des siècles, une économie dynamique exportatrice dans laquelle le vigneron est tour à tour navigateur quand il s’agit de transporter le vin vers Pise ou vers Gênes, marchand, voire banquier. Comme vigneron, l’homme a transformé la pente abrupte en escaliers géants où peut se développer l’arboriculture et la vigne qui atteint 2075 hectares fin XVIIIème. Comme navigateur, l’homme utilise les nombreux navires, stockait les marchandises dans les « magasins » et construisait les barques dans de nombreux petits chantiers navals. La noblesse de façade de certaines maisons patriciennes révèlent bien la
prospérité de cette pierre.
Aujourd’hui si la vigne est bien moins présente qu’au siècle passé, les vins comptent toujours parmi les plus belles productions de Corse.
Si l’année 2007 avait été celle de la confirmation pour les vignerons du Cap, 2008 apparaît comme celle de la mise à l’épreuve . Si les fortes précipitations du printemps ont rendu plus périlleuse la culture, les fortes chaleurs et les vents asséchant de l’été ont quelque peu bloqué les maturations. Si 2007 avaient produit des blancs et des muscats très aromatiques, et des rouges tout à fait remarquables, 2008 ne restera pas comme un millésime mémorable pour le Cap Corse. Une constante toutefois le savoir-faire de chacun et chacune a permis tout de même de proposer une
sélection respectable.