Si l’on s’en tient aux différents articles publiés ces derniers mois dans la presse, notre île serait en passe d’obtenir une foultitude de label ou d’A.O.C, entre le fromage, l’huile d’olive, la châtaigne ou la charcuterie, le consommateur ne sait plus à quel produit se vouer, il nous a semblé important d’éclairer nos lecteurs sur l’état d’avancement des différents dossiers. Pour ce faire nous avons interrogé les principaux acteurs dans chacune des filières.
Le point de vue général nous étant rapporté dans ces lignes la direction départementale de l’Agriculture et la Forêt de Haute Corse.
En Corse comme ailleurs les produits alimentaires présents dans les linéaires sont fréquemment porteurs de dénominations qui laissent penser qu’il s’agit de produits de qualité supérieure ou dont les conditions d’élaboration obéissent à un savoir faire traditionnel.
A côté de dénominations fantaisistes (produits du terroir, œuf ramassé à la main…..) on trouve un certain nombre d’appellations qui relèvent d’une démarche propre à certaines entreprises (des chaînes agroalimentaires par exemple) qui répondent à des cahiers des charges spécifiques et souvent exigeants mais ne sont pas contrôlées par les pouvoirs publics.
Pour les produits corses, on trouve les A.O.C., les I.G.P., et l’agriculture biologique.
Les signes officiels de qualité et d’origine des denrées alimentaires ont été crées pour aider les consommateurs à choisir parmi les aliments, des produits garantis par un certain nombre de leurs caractéristiques : aire géographique, mode de fabrication, propriétés sensorielles.
Ces dénominations émanent de la réglementation française ou européenne.
Ces labels ne garantissent pas la qualité sanitaire des produits mais attestent du lien entre la production et le terroir ou bien dans le cas des produits issus de l’agriculture biologique d’une méthode de production obéissant à des règles particulières.
Qu’elles soient nationales ou européennes, toutes ces démarches sont des engagements volontaires pour le respect d’un certain nombre de règles minimales, définies dans des normes, cahiers des charges ou notices techniques, enrichi de spécifications pour l’élaboration d’un cahier des charges propre à chaque groupement demandeur.
4 signes officiels de qualité français :
label rouge,
certification de conformité produit,
agriculture biologique,
appellation d’origine contrôlée.
Lorsqu’un groupe de producteurs, de transformateurs ou distributeurs souhaite obtenir un des trois premiers, il doit en faire la demande auprès de la CNLC (Commission Nationale des Labels et des Certifications de produits agroalimentaires).
Des organismes certificateurs privés agréés par le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche et des Affaires Rurales, sont chargés de contrôler le bon respect du cahier des charges, offrant ainsi des garanties d’impartialité et d’indépendance.
L’INAO (Institut National des Appellations d’Origine Contrôlée) quant à lui est chargé de recevoir les demandes, de gérer et contrôler les Appellations d’Origine.
L’étude des demandes d’IGP (Identification géographique protégée) et AOP (Appellation d’origine protégée) labels de qualités européens à également été confiée à l’INAO.
L’Appellation d’origine contrôlée (A.O.C.) est la plus ancienne, elle a été officialisée dans le domaine des vins et eaux de vie en 1935.
Les produits laitiers en bénéficient depuis les années 1960 et toutes les denrées alimentaires depuis 1990.
L’A.O.C. désigne un produit originaire d’une région ou d’un lieu déterminé dont les qualités ou les caractères sont dus exclusivement ou essentiellement à ce milieu géographique.
Ce dernier comprend à la fois des facteurs naturels (le terroir, ensemble complexe qui résulte de la nature des sols, du climat, de l’exposition) et des facteurs humains (les usages traditionnels de production ou d’élaboration).
Pour être reconnu A.O.C. le produit doit donc notamment provenir d’une aire de production délimitée, répondre a des conditions de productions précises, posséder une notoriété établie et faire l’objet d’une procédure d’agrément.
Chaque A.O.C. est définie au niveau national par décret, sur proposition de l’I.N.A.O.. Depuis l’entrée en vigueur du règlement C.E.E. n° 2081/92 du 14 juillet 1992 (dit règlement A.O.P/I.G.P.) toute nouvelle reconnaissance ou modification d’une A.O.C. ou modification d’une A.O.C., à l’exception des vins et eaux de vie, fait l’objet d’une demande d’enregistrement ou de modification auprès de la commission des communautés européennes.
Etats des lieux
En Corse, la production de vins bénéficie de neuf A.O.C., la plus ancienne est l’A.O.C. Patrimonio obtenue par décret du 13 mars 1968 et la plus récente l’A.O.C. Muscat du Cap Corse qui date du 26 mars 1993. On trouve également l’A.O.C. Ajaccio, l’A .O.C. vin de Corse et cinq appellations village : Calvi, Cap Corse, Figari, Porto-Vecchio et Sartène.
La production de miel » Miel de corse-Mele di corsica » a bénéficié également d’une A.O.C. par décret du 30 janvier 1998.
Quant au brocciu il a obtenu l’A.O.C. par décret du 3 juin 1998.
Actuellement l’huile d’olive et la farine de châtaignes sont en cours de démarche de reconnaissance, l’huile d’olive va passer en juillet 2003 en commission pour acceptation du principe de reconnaissance.
Les premières réunions préparatoires ont également eu lieu pour une reconnaissance de la charcuterie corse.
Sur la Corse, les produits issus de l’agriculture biologique sont également très présents.
La réglementation relative à l’agriculture biologique n’a pas défini de résultat au niveau du produit fini, elle définit seulement son mode de production, la conservation et la transformation éventuelle ainsi que la commercialisation.
L’agriculture biologique se définit comme une méthode de production n’utilisant pas de produits chimiques de synthèse.
Les agriculteurs engagés dans cette démarche sont contrôlés par des organismes privés agréés. Ceux-ci sont chargés de délivrer la certification » agriculture biologique « . Outre le nom du certificateur, l’étiquetage porte le label A.B.
La demande de ce type de produits est croissante et la Corse comptait en 2001, 131 agrobiologistes cultivant 2.700 ha avec un éventail de produits assez large : fruits, légumes, viandes, vins, plantes aromatiques et miel (source : CIVAM bio Corse).
Parallèlement d’autres produits sont engagés dans des démarches de reconnaissance plus spécifiques, c’est le cas de la clémentine de Corse, qui à l’initiative des producteurs, a demandé une reconnaissance I.G.P. (Identification Géographique Protégée).
Une I.G.P. est le nom d’une région, d’un lieu déterminé ou d’un pays qui sert à désigner un produit agricole ou une denrée alimentaire qui en est originaire et dont la qualité déterminée, la réputation ou une autre caractéristique peut être attribuée à cette origine géographique et dont la production et/ou la transformation, et/ou l’élaboration ont lieu dans l’aire géographique déterminée.
Cette identification garantit qu’un lien demeure avec le terroir à l’un des stades de la production, de la transformation ou de l’élaboration. Il s’agit d’un signe de qualité reconnu au niveau européen.
Le dossier de la clémentine est actuellement en cours de reconnaissance au niveau européen.
Les producteurs de kiwis viennent de débuter la même démarche en constituant très récemment une association qui portera ce dossier.
Progressivement les labels de qualité se mettent en place pour les produits insulaires. Le chemin pour l’obtention de ces signes de qualité est souvent long, il nécessite une volonté forte de la part des producteurs tant dans l’élaboration du cahier des charges, que dans le contrôle de celui-ci.
Il permet toutefois la reconnaissance de la spécificité des produits, qui sera appréciée par le consommateur et une valorisation accrue des productions, juste retour des efforts entrepris