Un savoir-faire à toute épreuve
Avec le « Nativu », cette statue menhir vieille de 3000 ans, St Florent, son port-escale romain, sa cathédrale qui fut le centre d’un évêché au 5ème siècle et Saint Michel de Muratu, un trésor d’art roman, cette région n’a pas volé son beau surnom de « Conca d’Oro ».
Le tableau serait incomplet si l’on n’y rajoutait les placages calcaires du Miocène abritant le vignoble de Patrimonio. Morcelé en petites propriétés, ce vignoble a conquis depuis fort longtemps ses lettres de noblesse. Cette renommée, il la doit autant à la qualité de son climat – la région est bien protégée des vents par les montagnes environnantes – qu’à son terroir où se mêlent les éboulis calcaires et l’argile ou qu’au savoir-faire ancestral de ses vignerons. Mais comment évoquer cette région sans le Niellucciu et le Vermentinu, ces cépages emblématiques. Si le premier produit des vins puissants, très charpentés et structurés, qui demandent à être conservés puis redécouverts après une garde moyenne et des rosés de soleil et de fruits, le second nous offre chaque année des blancs secs bouquetés d’une richesse aromatique remarquable. La grille ampélographique serait incomplète si l’on occultait le muscat à petit grain, un raisin qui donne des vins doux naturels de grande classe. Avec 388,2 ha pour une production d’environ 10 000 hl et un rendement de base de 41,9 hl/ha, Patrimonio est avec Ajaccio la seule Appellation « Cru » de notre île. Si son terroir apparaît d’une grande homogénéité, il n’en est pas de même pour la production.
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L’ année 2008 a été pour Patrimonio celle de la célébration de son 40e anniversaire. Une commémoration menée de main de maître avec l’aide du CIVC par le syndicat des vignerons sous la conduite de son président Jean Laurent De Bernardi. On pouvait donc espérer que sous les projecteurs,l’appellation brillerait par un millésime historique. Hélas les cieux en ont décidé autrement, et 2008 restera plus dans les mémoires par son aspect festif et convivial que par sa production. Oenologue du Domaine Orenga, Philippe Rideau nous dessine les contours du millésime : Bien que l’année 2008, ait été pluvieuse nous n’avons pas eu à déplorer de maladie. Les précipitations du mois de mai, suivies par de longues périodes venteuses ont quelque peu mis à mal les pieds de vigne qui ont eu tendance à casser plus que d’habitude. En conséquence, les blancs de cette année affichent une bonne fraîcheur mais un peu moins de concentration. Les rosés ont trouvé malgré tout une belle expression aromatique et sauvent un peu le millésime en rouge. Rouges, qui malgré tout restent très intéressants même s’ils manquent un peu de concentration pour la garde . Les muscats, quant à eux affichent un belle concentration grâce à la bonne maturité des raisins.